Énoncé de position de la Société canadienne de rhumatologie (SCR) sur l’utilisation du cannabis à des fins médicales pour les maladies rhumatismales
Foire aux questions |
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Les Canadiens se tournent de plus en plus vers leurs médecins pour des conseils au sujet de l’utilisation du cannabis à des fins médicales, puisqu’il fait déjà partie de l’arsenal médicamenteux courant. De plus, la Loi sur le cannabis qui en légalise l’utilisation à des fins récréatives est entrée en vigueur le 17 octobre 2018. Nous prévoyons que cette légalisation rendra le cannabis plus facilement accessible et le présent énoncé de position vise à aider les médecins à offrir à leurs patients des conseils de nature pragmatique tout en faisant preuve d’empathie afin de réduire les risques de préjudices.
Le message que la SCR adresse aux personnes aux prises avec des maladies rhumatismales est clair : si un patient envisage de recourir au cannabis dans le cadre de son traitement ou s’il l’utilise déjà sans en avoir informé son médecin, le temps est venu d’en discuter pour s’assurer que les patients soient conscients des risques et bienfaits potentiels d’une telle décision, et que les médecins soient au courant des décisions de leurs patients puisque cela pourrait avoir une incidence sur leurs futures options thérapeutiques.
L’énoncé de position a été rédigé par une équipe composée des présidents des comités des thérapeutiques et des lignes directrices de la SCR, d’un fellow en rhumatologie et d’un expert international avant d’être révisé et approuvé par le conseil d’administration de la SCR. L’équipe a été identifiée après consultation avec les deux comités mentionnés. Après sa rédaction, l’énoncé de position a été distribué aux membres du comité des thérapeutiques qui a formulé ses commentaires; l’énoncé a été modifié en conséquence et finalement approuvé par le comité des thérapeutiques avant soumission au conseil. Cet énoncé de position a été rédigé de façon indépendante par la SCR pour guider les médecins afin qu’ils puissent offrir à leurs patients des conseils de nature pragmatique au sujet des bienfaits et risques potentiels du cannabis tout en faisant preuve d’empathie, afin de prévenir les risques de préjudices. Le soutien financier de cette initiative a été fourni intégralement par la SCR.
On ne dispose d’aucune donnée sur l’utilisation du cannabis à des fins médicales ou récréatives chez les Canadiens aux prises avec une maladie rhumatismale. Par contre, en 2013, « l’arthrite sévère » était le motif le plus souvent invoqué pour l’approbation par Santé Canada de l’utilisation du cannabis médical. Les gens doivent comprendre que le cannabis médical n’est pas une solution de rechange au traitement standard de quelque maladie rhumatismale que ce soit, et les rhumatologues doivent appliquer les normes et lignes directrices de pratique en vigueur.
Aucune étude clinique publiée n’a porté sur les effets du cannabis chez les personnes atteintes de maladies rhumatismales. Par contre, selon des données précliniques (tirées d’études menées chez l’animal), le cannabidiol est une molécule dotée d’un fort potentiel pour atténuer la douleur et l’inflammation. En revanche, le THC est une molécule dotée de puissantes propriétés psychoactives qui auraient un impact négatif sur le fonctionnement cognitif et psychomoteur et exposeraient la personne à un risque plus grand d’effets indésirables. Même si les concentrations restent à étudier et à définir, il est possible que la combinaison des deux molécules (THC et CBD) ait plus d’impact sur les symptômes.
Aucune étude clinique publiée n’a porté sur les effets du cannabis chez les personnes atteintes de maladies rhumatismales. Ce que nous savons, c’est que le THC est la molécule du cannabis principalement responsable de ses propriétés psychoactives, à l’origine de l’effet de ‘high’, ce qui inclut une sensation d’euphorie, un temps de réaction plus lent, des pertes de mémoire et des problèmes de coordination. Le CBD est bien toléré, même à dose élevée. Selon les rapports, les deux soulageraient la douleur.
Nous nous sommes inspirés de la directive de Santé Canada pour ce qui est de la dose maximale.
Malheureusement, aucune étude clinique publiée n’a porté sur les effets du cannabis chez les personnes atteintes de maladies rhumatismales, incluant celles qui prennent les médicaments d’usage courant pour ces maladies. Il n’existe pas d’études sur les interactions entre les médicaments que nous utilisons pour traiter les maladies rhumatismales et le cannabis médical. Il existe toutefois des données tirées d’études menées chez l’animal selon lesquelles le cannabis est associé à une baisse du recours aux opioïdes dans des modèles expérimentaux de douleur. Selon certains rapports concernant des patients, le cannabis permet à ces derniers de réduire leur consommation d’opioïdes, mais les études formelles sur cet effet se font encore attendre.
Si un patient envisage d’utiliser le cannabis dans le cadre d’un traitement, quel qu’il soit, ou s’il l’utilise déjà sans en avoir informé son médecin, il faut en discuter avec tous les professionnels de la santé concernés. L’objectif de l’énoncé de position est de s’assurer que les rhumatologues offrent des conseils de nature pragmatique à leurs patients tout en faisant preuve d’empathie, afin de prévenir les risques de préjudices.
Il n’y a qu’une seule petite étude en cours au Canada inscrite au registre clinicaltrials.gov; on y évalue le cannabis en aérosol chez des patients souffrant d’arthrose du genou. L’absence de données sur l’utilisation et les risques potentiels du cannabis médical chez les Canadiens atteints de maladies rhumatismales fait en sorte que les rhumatologues ont beaucoup de difficulté à offrir plus que des conseils de nature pragmatique à leurs patients et la SCR reste vigilante face à cette situation. |
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